Un jour de mars 1999, alors que je roulais en terre de Provence, un panneau attira mon attention : prochaine sortie Manosque.
Manosque donc Pierrevert, le lien était évident. Le détour d’une poignée de kilomètres, vite avalés. A l’approche du camp, l’émotion me gagna, et ma gorge se serra très fort lorsqu’après le dernier virage, j’aperçu enfin le « terrain des tentes ».
Seul sans un bruit alentour, je me retrouvais en ce lieu sacré, et des souvenirs extraordinaires se réveillèrent en moi. Le terrain des jeux, où avec mes copains Marmento Hervé,Giaco, Christian Roti,Bibi,et mon premier mono Richard Cest ici que j’ai vécu mes premiers ‘’ jeux olympiques’’, supervisés par Fabrice déguisé en infirmière de choc. Les parties de foot interminables, et le ballon qui finissait souvent dans les ronces du chemin ou chez le voisin. En 1978, nous avions deux très grands gardiens de but,Tamagno et Ospiri le cuistot ce dernier qui lors d’une ballade au pont de fer nous gratifia d’un légendaire ‘’MOBY DICK’’,de ce même pont de fer ,d’où sautaient les plus courageux d’entre nous. Je revoyais ma première tente à quatre ou je dormais dans le fond. La sieste était l’occasion de parties de cartes frénétiques avec mon partenaire Péo,combien de fois avons nous triché,le soir Philippe Pagès sortait sa tête pour voir le ciel étoilé et s’endormait ainsi, remis au chaud lors de la ronde de nuit par le moniteur de permanence. Et ces mots ‘’magiques’’ répétés plusieurs fois par jour aux plus sourds,’’pull autour de la taille, le chapeau et la gourde !’’ ;on ne plaisante pas en été avec la chaleur provençale. Allant et venant tout excité en ce lieu alors désert, à l’approche du bâtiment les images continuaient de surgir en moi. Le réfectoire, lieu polyvalent dédié aux repas bien sûr, mais aussi aux ateliers et à la veillée du soir. lorsque Marius nous racontait le Vercors, nous l’écoutions sans un bruit, suspendus à ses lèvres. Et encore lorsqu’il prenait sa mandoline pour de vrais concerts qui nous enchantaient ….Et ce radio crochet ou Christophe Bizzari nous avait fait pleurer avec sa chanson triste ! ‘’c’est aujourd’hui dimanche’’.L’infirmerie ou les plus fragiles venaient ‘’pointer’’ le soir après la veillée…
Les sanitaires et leurs fameuses cabines de douches immenses surmontées de pommeaux qui nous paraissaient monstrueux, lieu mémorable objet de l’attention pointilleuse des moniteurs quand à sa fréquentation régulière et sa tenue !On ne pouvait tricher qu’une fois !
Tu te rappelles Jean-Michel(DELAIRE),l’élastique pendant la douche ?Lorsqu’on criait,surpris,tu nous disais ‘’tu as été piqué par un scorpion ?’’éclats de rires….
Je me souvenais de ce camp d’avril ou Marius m’avait demandé t’encadrais ‘’ses moyens’’ Laurent Puons et sa bande ,pas un camp de tout repos !Avec notamment un raid de nuit sans lampes ! Je dominait ma peur en rassurant les plus jeunes .Et tant de souvenirs ,de moments vécus au village : les tournois de foot,l'atelier imprimerie, le feu d’artifice du 14 juillet, la foire artisanale , les raids dans les vergers voisins ( Marius passait ensuite payer la note).Et la sœur ,qui tous les matins partait faire les courses en voiture, avec à son bord une poignée de courageux colons et bien sur son ‘’chouchou’’ Didier (ZIP) ils partaient rendre visite au fermier(celui qui avait une figure rouge comme ses tomates et portait une salopette ou l’on aurait pu entrer à cinq),nous étions privilégiés, nous les furets lui posant mille questions sur tout ce qui nous entourait…..
Je fermais alors les yeux, et surgissaient le vieux moulin,ST-Patrice,les foins ,les dunes, le RIOU,le pont de fer,le vieux chêne……
Tant de souvenirs me tiraient les larmes des yeux.Je revivais mon enfance,mes copains,mes moniteurs,Marius.A son contact,nous étions transformés,un simple regard,et nous avions compris.
Pierrevert je dois maintenant te quitter une nouvelle fois,le cœur triste.Mais que c’était bon de te revoir…
Denis Pierrevert 1977-1986